Alors que le déconfinement est bien avancé et que les Québécois doivent s’habituer à plusieurs nouvelles réalités, voici une autre réalisation qui fait mal : beaucoup de produits et de services vont désormais coûter plus cher.
On parle ici de la fameuse «taxe COVID-19», c’est-à-dire les coûts supplémentaires engendrés par toutes les nouvelles mesures à mettre en place pour repartir les commerces, fournisseurs de service et autres.
À quoi vont ressembler les nouveaux tarifs? Voyons voir.
Les services de soins personnels et de beauté
Les coiffeuses, esthéticiennes, manucuristes, etc. n’ont pas le choix d’augmenter leurs tarifs. La hausse dépend des aménagements qu’ils ont dû faire : plus un salon est gros et plus la différence par rapport à «l’avant» sera grande.
La hausse des tarifs peut aller de 5 $ à 15 $ par soin ou encore de 5 % à 20 % d’augmentation. Il faut non seulement ajouter le coût des masques (7 $/50 auparavant et 70-80 $ maintenant), celui des jaquettes jetables (10 $ chacune, selon la podologue Renée Giasson, qui ne peut plus maintenant traiter que 3 clients par jour). Des partitions en plexiglas ont souvent dû être ajoutées; moins de clients peuvent être accueillis chaque jour et les salons doivent également prendre plus de temps entre les clients pour tout désinfecter.
L’esthéticienne Kathy Beauregard a quant à elle augmenté tous ses services de 15 $. Selon elle, le plus difficile est de le justifier pour des courts services, par exemple une épilation des sourcils qui dure normalement 10 minutes. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est qu’à cela s’ajoute plus du double du temps en désinfection ainsi qu’en productivité perdue.
Les dentistes
La plupart des dentistes vont désormais ajouter 15 $ à la facture de chaque client, tel que recommandé par l’Ordre des chirurgiens dentistes du Québec à ses membres. En plus de l’impossibilité de traiter autant de clients qu’avant et du nettoyage en surplus, certains cabinets ont dû faire des investissements beaucoup plus importants, par exemple changer le système de ventilation.
Pour l’Ordre, cette majoration des tarifs est «temporaire». L’augmentation pourrait cependant être plus importante que 15 $ dans le cas de traitements plus complexes.
Le commerce au détail
Les petits entrepreneurs qui reprennent leur production voient également le coût de nombreuses matières premières augmenter et doivent faire face à certaines pénuries. C’est en effet tout le système d’approvisionnement qui a été perturbé durant ces derniers mois.
Le prix de plusieurs articles, par exemple du matériel de couture ou encore le matériel d’emballage et d’expédition, a explosé depuis les derniers mois. Léa Audet, qui est chocolatière, a vu sa marge de profit diminuer d’entre 5 % à 30 % dans les derniers mois. Pour l’instant, ses prix restent les mêmes mais elle envisage une hausse de 5 % à 10 % si la situation ne se règle pas d’ici l’automne.
Ceux qui se sont tournés vers la vente en ligne font également les frais des difficultés avec la poste et les services de courrier depuis le début de la pandémie. Les pertes ont augmenté car plusieurs clients demandent un remboursement s’ils n’ont pas reçu leur commande après un mois.
Pour tout lire sur la COVID-19, c'est ici.
Les garderies
Pour les services de garde privés, le retour n’a pas été facile. Mélissa Légaré, qui opère une garderie en milieu familial, a vu le coût de ses produits nettoyants monter de 400 $ par mois tout d'un coup! Comme elle avait un contrat à échéance, elle a augmenté ses tarifs de 5 $ par jour par enfant. Elle affirme que c’est assez généralisé dans le milieu : celles qui pouvaient le faire ont déjà augmenté de 5 $, tandis que les autres attendent la fin du contrat. Selon elle, les milieux publics sont également en train de négocier et les parents doivent s’attendre à des hausses de ce côté aussi.
Le consommateur paie, mais le commerçant n’en profite pas
Gonipath Jeyabalaratnam, analyste principal pour la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, est formel sur ce point. En entrevue avec le magazine Protégez Vous, il a insisté pour faire comprendre au public que ces nouveaux coûts ne correspondent pas à des profits pour les commerçants et autres fournisseurs de service. «C’est pour réduire l’impact des mesures qu’ils doivent mettre en place, autant pour protéger les clients que pour se protéger eux-mêmes», a-t-il affirmé.
Il va de soi que pour le consommateur, les coûts supplémentaires peuvent être frustrants, particulièrement dans un contexte où beaucoup de gens ont perdu leur emploi ou encore ont vu leurs revenus baisser.
Sauf qu’il est important de se rappeler que ce n’est pas un choix pour les commerçants, qui ont des directives très claires et strictes à respecter, sous peine de recevoir des amendes ou même de se voir obligés de fermer leur lieu d’affaires.
Est-ce que le consommateur peut se plaindre?
Si un consommateur juge quand même que l’augmentation des prix ou des tarifs est prohibitive, le mieux est toujours d’en discuter avec le fournisseur de services… Ce dernier sera certainement content d’expliquer ses propres coûts ainsi que les mesures supplémentaires nécessaires. Il ne faut pas oublier non plus que dans ce cas, le plus grand pouvoir du consommateur c'est... d'aller acheter ailleurs!
Le premier recours est de contacter l’Office de la protection du consommateur; voici leur liste de questions fréquentes en lien avec la COVID-19. Si le fournisseur de services fait partie d’un ordre professionnel (par exemple les dentistes, physiothérapeutes, etc.), c’est plutôt vers cet ordre particulier qu’il faut se tourner pour adresser une plainte.