L'épidémie de COVID-19 est mondiale, mais notre point de vue sur la question est souvent très local. Comment les choses se passent ailleurs? Quels pays ont démontré différentes particularités devant la gestion de la crise, qui les ont aidés ou non? Voici quelques exemples.
Note : Il ne s’agit que de courts résumés qui dressent un portrait général de la situation, mais qui ne comprennent pas toutes les données ni ne tiennent compte de toutes les nuances souhaitables. En d'autres mots, voici les grandes lignes à retenir en date du 15 octobre 2020 :
1. Canada
Le Canada est un grand pays, très décentralisé, et la gestion de la pandémie (tout comme les taux d’infection et de mortalité) a été très différente d’une province à l’autre.
Ici, au Québec, nous avons le triste record des cas d'infection et des décès le plus élevé… Et si on pouvait se consoler en parlant de la fameuse semaine de relâche au printemps, cette excuse ne peut plus expliquer que nous sommes rapidement redevenus les «champions COVID» lors de cette 2e vague. Peut-on affirmer que les Canadiens des autres provinces sont plus disciplinés, moins «rebelles» que nous sans faire fâcher tout le monde? C'est une idée sur laquelle il vaudrait peut-être bien méditer...
Ce que certains experts retiennent de notre gestion de la pandémie, toutefois, c’est la confusion dans les mesures imposées comme par exemple, les changements de dates dans la réouverture (ou non) des écoles au printemps dernier. Simon Bacon, un expert en comportement à l’Université Concordia, a expliqué que «si on réouvre un peu, puis qu’on revient à un confinement, les gens deviennent frustrés.»
Somme toute, le Canada ne s’en tire pas si mal sur la scène internationale, avec 25,5 morts par 100 000 habitants.
2. États-Unis
Qu’est-ce qui peut expliquer qu’un pays riche en moyens et en infrastructures, comptant 5 % de la population mondiale, se retrouve avec presque le quart des morts de la COVID-19?
Une gestion chaotique et un manque de gouvernance proactive et claire. Selon Simon Bacon, les Américains sont, d’avance, méfiants envers le gouvernement. L’expert affirme que l’affiliation religieuse importante d’une partie de la population a également joué un rôle, puisque ces gens peuvent «rejeter la science et les autorités civiles, se fiant uniquement sur leur foi.»
Finalement, il est impossible de ne pas mentionner le Président Trump comme étant au centre de ce chaos inexplicable : ses querelles et ses conflits ouverts avec les gouverneurs qui imposaient le confinement ou le port du masque ont «aggravé la situation,» selon Bacon. «Lorsque les gens se font dire quelque chose par les autorités en santé mais autre chose par le leader, ils choisissent de faire ce qui correspond le plus à leurs propres valeurs.»
Le taux de morts par 100 000 habitants aux États-Unis est de 65,3.
3. Royaume-Uni
Le Royaume-Uni se trouve parmi les plus touchés par la pandémie, avec un taux de morts par 100 000 habitants de 63,3. Les Britanniques, pourtant, sont considérés comme disciplinés et prompts à faire confiance au gouvernement ainsi qu’à se conformer aux mesures.
Ce qui s’est passé, selon Colin Furness, épidémiologiste à l’Université de Toronto, c’est que le pays est devenu l’exemple à ne pas suivre, «la preuve qu’une réponse tardive peut être catastrophique même lorsqu’un pays a un bon système de santé et une population informée».
Au début de la pandémie, le gouvernement était «absolument endormi sur la switch,» toujours selon Furness, à cause des distractions internes amenées par la crise du Brexit et un manque de leadership. Au début, le premier ministre Boris Johnson montrait une attitude défiante aux mesures prônées par la santé publique et n’a pas pris la menace au sérieux, flirtant avec l’idée d’atteindre l’immunité collective. Après plusieurs jours aux soins intensifs à cause de la COVID-19 par contre, il a changé son fusil d’épaule. Le pays se retrouve quand même à l’heure actuelle au sommet des taux de mortalité en Europe.
Pour tout lire sur la COVID-19, c'est ici.
4. Belgique
Ce qui surprend en regardant les statistiques de ce petit pays, c’est son taux très élevé de morts COVID par 100 000 habitants, soit 86,8. Que s’est-il donc passé de si terrible spécifiquement à cet endroit, qui ne se reflète pas par exemple chez ses voisins (la France, l’Allemagne et les Pays-Bas)?
La réponse : rien. Il s’agit simplement d’une stratégie du gouvernement, différente de celle de presque tous les autres pays comparables… Celle de la «transparence radicale». Selon le ministre Denis Ducarme, la Belgique utilise la méthode de comptage [des morts et des cas] «la plus exhaustive possible». En effet, la Belgique rapporte les morts de la COVID même lorsqu’il s’agit d’une «forte probabilité», plutôt que d’une certitude, par exemple en l’absence de test confirmant la maladie.
Parfois critiquée pour sa méthode qui «dégage une perception négative», la Belgique a pourtant maintenu le cap et défendu sa position. Emmanuel André, porte-parole du gouvernement, a martelé que «ce sont les autres gouvernements qui sous-évaluent les décès liés à la COVID, et que de plus en plus d’autres pays se conforment à ce modèle de surveillance belge… qui permet de bien mesurer la gravité de la situation».
5. Nouvelle-Zélande
On cite souvent ce pays comme étant un modèle à suivre en ce qui a trait au nouveau coronavirus. Voici quelques clés de son succès :
- Une intervention très rapide et complète (confinement en place alors qu’il n’y avait qu’une poignée de cas officiels recensés au pays)
- La personnalité et la manière de faire de la première ministre, Jacinda Arden, qui est très estimée et qui a réussi à inspirer la confiance et l’adhérence aux mesures sanitaires en les positionnant de manière empathique et altruiste.
Il faut également dire que le fait d’être un pays insulaire, isolé et relativement peu populeux aide à freiner la propagation! La Nouvelle-Zélande a en effet mis en place des mesures de quarantaine strictes pour les arrivants, incluant l’exclusion des visiteurs à part les Néo-Zélandais, l’enregistrement obligatoire à un «système de gestion d’isolation» avant d’arriver au pays, la supervision de la quarantaine dans un endroit dédié ainsi qu’un examen médical complet avant de pouvoir côtoyer les autres habitants.
À l’heure actuelle, la Nouvelle-Zélande a pratiquement éradiqué le virus dans son territoire –et n’a connu que 25 morts de la COVID-19 depuis le début de la pandémie ce qui lui vaut le taux de 0,25 mort par 100 000 habitants).
6. Suède
On parle beaucoup de la Suède comme étant le «mouton noir» du monde occidental, en plus d'être parmi les pays les plus développés de la planète et d'être celui dont les mesures détonnent le plus. Le pays ne fait donc pas exception à cette règle dans le cas de sa gestion de la COVID-19.
La Suède n’a en effet pas ordonné de confinement ou de mesures très strictes. Les écoles et les restaurants sont demeurés ouverts par exemple, et le masque est peu porté, et ce, même aujourd’hui.
Par contre, les gens d’ici qui seraient tentés de prôner ce pays en exemple pour assouplir voire éradiquer les mesures émises par la santé publique ne sont peut-être pas au fait de différents facteurs qui à la fois tempèrent le côté positif de cette approche tout en établissant les différences fondamentales entre les Québécois et les Suédois :
- Le taux de mortalité lié à la COVID-19 est plus élevé en Suède que chez tous ses voisins et parmi la plupart de ses pays comparables.
- Les Suédois sont extrêmement disciplinés et préoccupés par le bien-être collectif; ils sont donc beaucoup plus enclins à respecter à la lettre les mesures établies, plutôt que de chercher «la faille» pour contrevenir à celles-ci
- La théorie d’arriver à «l’immunité collective», que poursuit la Suède, n’a pas fonctionné : alors que les autorités en santé prédisaient que 40 % des gens auraient développé des anticorps dès mai, c’était plutôt 7 % en septembre.
La Suède a présentement un taux de 58,3 morts COVID par 100 000 habitants; seuls l’Espagne, l’Italie, les États-Unis et le Royaume-Uni dépassent ce nombre parmi les nations comparables.
7. Hong Kong
Cette ville-état (appartenant officiellement à la Chine) parmi les plus densément peuplées au monde est souvent considérée comme l’endroit où la pandémie a été la mieux gérée… Hong Kong peut en effet se vanter à la fois d’avoir «gagné contre la COVID-19», mais aussi de l’avoir fait sans confinement complet.
Comparée à celles de bien des gens sur la planète, la vie des habitants de Hong Kong n’aura pas été si différente en 2020. Il y a bien eu quelques phases de fermetures partielles, par exemple les édifices gouvernementaux, les gyms et les bars. Mais les commerces, les écoles les restaurants et les transports en commun ont continué de fonctionner et pourtant, les cas sont demeurés très bas.
Pourquoi? La raison la plus importante, c’est que Hong Kong avait été frappée de plein fouet par l’épidémie de SRAS en 2003 et avait appris de cette expérience. Les gens étaient donc déjà très alertes et conscientisés. Le port du masque ainsi que d’autres mesures comme la prise de température en entrant dans un endroit étaient de plus déjà généralisés. Mais il a d’autres raisons, comme la mise en place d’un système de quarantaine très strict (les gens sont monitorés avec des bracelets GPS) ainsi que des mesures de retraçage des contacts très rigoureuses.
Hong Kong a connu seulement 1 200 cas et 105 morts de la COVID depuis le début de la pandémie, ce qui signifie un taux de 1,4 mort par 100 000 habitants.
Sources :
Time Magazine, CBC, NPR, CNN, CNBC