L’amour silencieux. Je te regarde, tu me regardes aussi. Dans l’entrebâillure de ta porte de bureau ou bien sur Facebook en faisant défiler tes photos. Des petits regards échangés juste à côté de la machine à café ou bien des courriels réécrits plusieurs fois avant d’appuyer sur envoyer. Et puis le confinement. Celui qui éteindra la petite étincelle que je sens crépiter dans mon ventre. Cet intérêt la Covid ne nous permettra pas de le développer. J’aurai une pensée pour toi entre mon grille-pain et ma machine à café. Penseras-tu à moi?
L’amour naissant. Je te veux, tu me veux aussi. J’ai à l’intérieur du bedon, des petits papillons. J’apprends à te connaître, à t’apprivoiser. Je m’émerveille devant tout ce que tu as à raconter. Nos nuits sont blanches de douceur, de caresses et de conversations qui pourraient ne jamais se terminer. Et puis le confinement. Celui qui m’enferme loin de toi. T’aimer à distance, sans pouvoir te toucher, t’embrasser. Combattre cette envie de te retrouver, malgré les règles, malgré les risques. Apprendre à s’aimer avec les mots. Seras-tu encore là après tout ça?
L’amour engagé. Je t’aime, tu m’aimes aussi. Nos vies vont vite, toujours occupés à courir après nos rêves. Partager ton quotidien m’apprend à t’apprécier d’une nouvelle façon. Je t’apprivoise, te retrouve chaque soir à la maison. C’est bon de grandir, de nous voir évoluer. Et puis le confinement. Celui qui met notre vie sur pause. La vitesse qui devient lenteur. Nous apprenons à apprécier la banalité du quotidien à deux. Nous qui avons toujours été entourés, submergés par les responsabilités du quotidien. Nous sommes bien ici. Ne devrions-nous pas revoir nos priorités?
L’amour parental. Je te fais confiance. Tu me fais confiance aussi. Dans nos bras, des petits bouts de toi et moi. Tes yeux bleus, mon grand nez. Nous avons créé un équilibre pour les faire grandir, leur permettre d’évoluer. Nous dansons habilement dans notre quotidien routinier. Et puis le confinement. Les écoles et les garderies fermées, comment travailler et les garder occupés? La danse devient plus saccadée et le stress commence à s’accumuler. Tu sais, j’ai toujours su qu’ensemble, on pouvait se réinventer. Te sens-tu prêt à essayer?
L’amour effrité. Je doute, tu doutes aussi. Depuis quelque temps, j’ai de la difficulté à nous comprendre. J’ai envie de t’aimer, j’ai envie de partir. Des belles journées, des nuages gris. On discute, on se fait de belles promesses, mais elles ne tiennent jamais. Plus ça change, plus c’est pareil. Et puis le confinement. Cette distance entre toi et moi n’existe plus. Elle nous donnait une pause quand nous n’en pouvions plus. J’ai besoin de cet espace, on est bien dans nos habitudes. Me retrouver avec toi, toute la journée, je ne sais plus. Avons-nous encore des choses à nous raconter?
L’amour âgé. Je vieillis, tu vieillis aussi. Chaque jour dans nos cheveux poussent de nouvelles mèches grises. La vie est lente, calme, paisible. Nous laissons la vitesse à ceux qui en ont encore envie. Je regarde les rides se dessiner sur ton visage, avec le même regard qu’avant. Notre famille a grandi. J’ai en moi une grande fierté de l’avoir bâti avec toi. Et puis le confinement. L’isolement et nos proches que l’on voit sur écran. Enfermé entre les murs ou notre histoire a commencé, j’ai peur pour toi, j’ai peur pour nous. Nous qui avons tout vécu, pourrons-nous survivre à ça?
L’amour est au cœur de nos vies. À travers les différents stades de celle-ci, il nous fait vibrer et nous donne envie de nous dépasser. Le confinement nous a forcés à repenser nos histoires d’amour, à nous réinventer. De très près ou à distance, l’amour s’est tout simplement transformé pour y inclure cette nouvelle réalité qu’est le confinement. Certains amours se seront enracinés et d’autres, fugaces, se seront envolés. Les questions changent, évoluent, mais demeurent. Chacun se souviendra de ses amours au temps de la Covid.