Le suicide chez les hommes est un fléau de plus en plus grand qui ébranle la société québécoise. Tour d'horizon des signes précurseurs, des statistiques et des aides possibles.
Un homme de votre entourage (votre amoureux, votre frère, votre collègue, votre père, etc.) semble avoir changé de comportement depuis quelque temps? Il est plus las, agressif, impatient ou intolérant? Vous avez remarqué des changements de comportement au niveau de sa sexualité? Vous constatez une baisse de ses intérêts habituels?Il souffre peut-être de dépression. Et c'est maintenant qu'il a le plus besoin de vous... avant qu'il ne soit trop tard.
Quelques autres signes annonciateurs du suicide chez les hommes
- Des messages comme : « Je veux en finir. », « La vie est nulle », « Vous seriez bien mieux sans moi. » « Je pars pour un long voyage. »
- Comportement asocial et retiré
- Consommation excessive d'alcool et/ou de drogue
- Distribution de ses objets de valeur
- Intérêt marqué pour les armes à feu ou les drogues
- Références au courage des personnes qui se suicident
- Peu ou pas de réaction à la perte d'un être cher
Selon l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS), chaque jour au Québec, 3 personnes s’enlèvent la vie. De ce nombre, plus du ¾ sont des hommes.
Comment peut-on expliquer le suicide chez l'homme?
Première constatation : 60 % des hommes qui se suicident sont atteints de dépression, selon Statistique Canada. Il faut donc se demander pourquoi ils ne cherchent pas l'aide dont ils ont besoin pour s'en sortir. Pourtant, les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à souffir de dépression, mais ces derniers en parlent moins et peuvent rapidement tomber dans un désespoir qui n'apparaitra pas si évident aux yeux de tous.
Si l'homme d'aujourd'hui semble s'exprimer davantage que celui des années 50, il est encore aussi réticent qu'avant à dire ce qu'il ressent profondément et surtout à confronter sa famille à sa détresse. Il culpabilise, se sent comme un fardeau, préfère disparaitre plutôt que d'imposer son mal-être à ceux qu'il aime.
Les hommes sont moins enclins à aller chercher de l'aide ou à avouer qu'ils ne sont pas bien. C'est aussi le cas lors des dépressions post-partum chez les nouveaux pères. Ils ont tendance à associer le suicide et la dépression à de la faiblesse alors qu'il s'agit d'une maladie au même titre que toutes les autres, qu'elles soient physiques ou mentales. Puis, ils pensent être capables de se soigner par la volonté.
La société est-elle responsable du suicide chez les hommes?
Certains croient que la femme sur le marché du travail a complètement bouleversé la façon dont l'homme se perçoit. Il n'est plus le seul pourvoyeur et il peut arriver, par ce fait, qu'il ne trouve plus de sens à sa vie. La femme prend davantage sa place, les confrontations sont plus fréquentes, les divorces également, la vie est plus stressante, mais à eux seuls, ces facteurs ne peuvent arriver à expliquer les raisons d'une telle augmentation du suicide chez les hommes.
Et si notre homme n'admet pas qu'il pense au suicide, comment l'aider?
Très rares sont les hommes qui demandent de l'aide par eux-mêmes ou qui communiquent avec les centres téléphoniques d'urgence. Contrairement à la femme, qui crée souvent un grand réseau d'amis autour d'elle, l'homme se replie sur lui-même ou se confie à un ou deux amis seulement. Si c'est possible, c'est alors aux gens qui sont autour de lui de se resserrer pour lui venir en aide et créer un réseau de « sentinelles ».
Ralliez la famille
Si, par exemple, vous avez des doutes sur les intentions de votre homme, appelez son meilleur ami, son frère, sa soeur... Peut-être serez-vous davantage, tous ensemble, en mesure de l'aider, de l'entourer, de le pousser à s'exprimer sur les sentiments dévastateurs qui l'assaillent.
Encouragez-le à consulter
En tant que femme et conjointe, vous sentez qu'il ne va vraiment pas bien et qu'il refusera de consulter un psychologue ou un psychiatre par orgueil? Dites-lui simplement, par exemple : « Chéri, je suis inquiète pour toi. Pour me rassurer, j'aimerais que tu ailles consulter, une seule fois si tu veux. On ira ensemble ou tu iras seul, c'est toi qui choisis.» Il aura ainsi l'impression qu'il le fait pour vous, mais ce geste pourrait lui sauver la vie.
Des ressources pour vous aider
Aider n’est pas simple et vous pouvez sentir que vous n’y arrivez pas. Ne restez pas seul. Consultez le site de l’Association québécoise de prévention du suicide ou téléphonez au 1 866 APPELLE (1-866-277-3553) pour obtenir du soutien. N’oubliez pas aussi qu’en tout temps, les infirmières du service 811 peuvent vous aider et vous diriger vers les meilleurs services.
Un merci tout particulier à Maryse Chartrand, scénariste du documentaire Le voyage d'une vie, et Jean-Rémy Provost de Revivre.
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